1) Ton roman : “La Terre des centaures”.
Parle-nous de la genèse de ce projet. Comment t’es venu l’idée ? le titre ?

Cela remonte à 2005. A l’époque, je jouais à une sorte de jeu de rôle en ligne, appelé Alliance. Le principe était de faire « vivre » un pays virtuel, en réalisant son site internet et interagissant avec les pays incarnés par d’autres joueurs.
Comme les nations virtuelles se ressemblaient toutes plus ou moins, je me suis amusé à créer un pays plus fantaisiste, peuplé de centaures. J’ai donc réalisé le site internet, qui en relatait l’histoire, les mœurs, la culture, etc. Et j’ai fait interagir ce pays avec les autres nations virtuelles du jeu. Un certain nombre d’histoires ont ainsi été écrites et cela m’a donné envie d’en faire un roman.
A l’époque, j’écrivais surtout des scénarios, des nouvelles, des pièces de théâtre ou encore des poèmes. Je me sentais prêt pour aller plus loin.

L’état actuel du projet : Editeur ? Date de sortie ? Prix ? et les divers liens important.

Le roman est sorti en ebook depuis précisément un mois au moment où je vous réponds. Il a d’abord été mis en vente à 1,99€ pendant les trois premiers jours, puis à 4,99€. Il est disponible sur tous les sites de librairies virtuelles (Amazon, Fnac, Chapitre, iTunes, Feedbook, Kobostore, Bookeenstore, etc.)

Parle nous de tes initiatives (ou/et celle de ton éditeur) afin d’assurer ta promotion.

L’avantage, c’est que le web est mon métier. Je peux donc soutenir activement mon éditeur dans la promotion sur « la toile ». J’ai commencé par réaliser trois bandes-annonces. Puis j’ai mis en place un site web, une page Facebook ainsi qu’un compte Twitter. J’y communique régulièrement toutes les infos concernant mon roman.
J’ai également fouillé sur le Net à la recherche de tous les forums et e-magazines liés au domaine fantastique, et leur ai envoyé mon ebook formaté pour la presse. J’ai fait mon auto-promo sur deux forums d’écrivains (dont JE) où j’étais encore actif il n’y a pas si longtemps que ça. J’ai également fait des connexions entre mon site d’auteur et d’autres sites que j’avais réalisé auparavant.
Enfin, j’ai écrit une nouvelle pour un magazine. Je suis en attente de réponse de leur part.
De son côté, l’éditeur a également communiqué via son réseau sur Internet, et envoyé mon roman à un certain nombre de critiques.

Estimes-tu que nous (membre du forum JE) puissions t’aider d’une quelconque manière ?

Le monde de l’édition est vraiment très difficile d’accès pour celui qui débute. C’est pourquoi je crois à la solidarité entre jeunes écrivains. Ce qui fera le succès de mon roman, c’est, je pense, le bouche-à-oreille. Et vous pouvez y contribuer en en parlant autour de vous. Cet interview y contribue d’ailleurs et je vous en remercie.

2) L’écriture :
Parle-nous de ton organisation d’auteur. Quelle est ta façon d’écrire ? A combien estimes-tu la somme de travail lié à l’écriture ? des anecdotes ? …

Ce n’est pas évident pour moi de s’organiser du temps pour écrire. Je suis père de famille nombreuse, et travaille à temps plein en tant que webmaster dans une grande collectivité territoriale. Le temps pour écrire, je le saisis donc dès que possible, et peu importe l’endroit.
La plupart du temps le soir, si je ne suis pas trop fatigué, ou le week-end, si je ne suis pas trop débordé. Mais ma chère et tendre épouse me soutient et m’accorde régulièrement du temps pour écrire. Je l’en remercie. Bon, par contre, j’avoue délaisser le jardinage et le bricolage du dimanche… Là, ça la fait râler un peu. 🙂
J’écris dans ma chambre, le salon, ou dans le train lors de mes déplacements professionnels (du Finistère à Paris, il faut compter près de 5 heures. Du pain béni pour écrire tranquillement !)

As-tu bénéficié d’une aide quelconque lors de l’écriture (ami, …) ?

Pas pendant l’écriture. Cela se joue uniquement entre moi et l’écran de l’ordinateur. Notre champ de bataille, c’est le clavier. Ça pétarade de partout !
Quand j’écris, je ne veux d’aide de personne. Je suis dans ma bulle.

3) La finalisation du projet :
Explique-nous ton organisation pour la relecture. Des béta-lecteurs ? Le forum JE a-t-il joué un rôle important ?

J’ai fait relire et corriger mon manuscrit à environ une dizaine de personnes. Amis et famille. Leur aide a été très précieuse et m’a permis de faire évoluer l’intrigue. J’ai écrit au total 5 versions de mon roman. La dernière version est à la fois plus courte (en nombre de pages) et plus riche (en intrigue) que la première version.
Sur le forum des JE, je n’ai pas fait retravailler mon roman, ni même d’extrait. Mais je me suis exercé sur d’autres textes qui m’ont aidé à peaufiner mon style et aller à l’essentiel.

Donne-nous une estimation de temps sur cette période. Cela a-t-il été difficile ?

Le temps de réécriture a pris presque deux ans. Avec une petite pose de 6 mois, quand j’ai envoyé une première fois mon manuscrit aux éditeurs. Durant ces deux ans, le découragement m’a souvent guetté. Je n’aime pas travailler et retravailler trop longtemps la même chose. Je finis par m’en lasser. Heureusement, je continuais à écrire d’autres choses à côté.

Peux-tu nous parler de l’illustration (la couverture) ?

Étant également infographiste, j’ai réalisé moi-même la couverture. Je voulais quelque chose de singulier et d’accrocheur. Tout en étant relativement simpliste, car je ne suis pas illustrateur et il était hors de question de bidouiller des images ne m’appartenant pas.
Je pense avoir été inspiré par des couvertures comme celles de « L’épouvanteur » de Marie-Hélène Delval, aux éditions Bayard.
L’infographiste de mon éditeur n’y a finalement que très peu touché, si ce n’est pour ajouter le logo de la maison d’édition. Le texte en blanc, c’est lui. Le reste, c’est moi.

4) Pré édition :
Un fois ton projet finalisé. Vers combien d’éditeur l’as-tu envoyé ? Combien de réponse (avec leurs délais) ?

J’ai d’abord mené une première campagne d’envoi des manuscrits au printemps 2011, en le faisant parvenir à 14 maisons d’édition, par la Poste essentiellement mais aussi par mail. Au bout de 6 mois, seules 8 maisons m’ont répondu, dont une qui a vraiment pris la peine d’analyser mon roman. Le reste se contentait d’un lapidaire « ne correspond à notre ligne éditoriale » (alors que mon manuscrit correspondait pourtant à leur catalogue).
J’ai donc réécrit mon roman, l’ai fait relire, etc. Pour l’envoyer une seconde fois en novembre 2012, après avoir pris plus le temps d’étudier les maisons d’édition et en découvrir des nouvelles.
Cette fois, je n’ai visé qu’une dizaine de maisons d’édition acceptant les envois par mail. Beaucoup de petites et moyennes structures. L’envoi par courrier m’avait coûté très cher (impression reliée, uniquement en recto, avec enveloppe pré-timbrée pour le retour, etc.). Et pour n’obtenir finalement que des réponses type… Je ne voulais plus jeter inutilement l’argent par la fenêtre.
J’ai toute de même analysé les lettres et n’ai retenté ma chance qu’auprès des maisons ayant écrit les réponses les moins catégoriques, de type « ne correspond pas à ce que nous recherchons pour le moment » ou « nous ne pouvons pas l’éditer pour cette année ».

L’éditeur qui hérita du ‘bébé’ est : en ebook, aux éditions Booxmaker. Pourquoi ?

J’avais déjà eu quelques échanges avec cet éditeur rencontré par hasard sur Facebook. Il était très abordable et sympathique. Il faisait donc très naturellement parti de ma liste d’envoi du manuscrit.
Après déjà deux ou trois réponses négatives du type « notre programme est bouclé jusqu’en 2014 », Booxmaker a été le premier à me répondre positivement au bout de deux semaines.

Peux-tu nous en dire plus. Comment c’est passé votre rencontre ? Les négociations ont-elles été difficiles ? Combien de temps ont-elles durée ? Des anecdotes ?

On a pas mal échangé sur Facebook, mais aussi par mail et plus tard par téléphone. Il était très enthousiaste et avait très bien cerné mon roman. Il a été le premier à y déceler des références à la mythologie japonaise et j’ai beaucoup apprécié. Pour moi, il est important d’avoir en face un éditeur qui comprend et se passionne pour son oeuvre, qu’il ne voit pas que comme une source de bénéfice. J’ai senti qu’il y croyait et avait envie de se battre pour mon roman. Je n’ai donc pas hésité à signer avec lui. Cela s’est fait très rapidement. Il tenait à sortir le roman avant les fêtes, alors que nous n’avions que deux semaines devant nous. On a relevé le défi de le sortir pour le 21 décembre.
Le jour où nous avons discuté par téléphone pour tomber d’accord sur le contrat et la promotion, j’ai également visité la maison pour laquelle mon épouse avons eu le coup de foudre, et que nous nous apprêtons à acheter dans les prochains mois. C’était vraiment une très très bonne journée !

Peux-tu nous parler des négociations financières ?

J’ai effectivement négocié sur mes droits d’auteur, en avançant le fait que j’avais déjà conçu la couverture et que j’allais très activement participer à la promotion en ligne, du fait que je travaille dans le domaine du web. Il a accepté sans difficulté.
Les droits d’auteurs sont nettement supérieurs à ce que l’on touche dans le circuit traditionnel, mais vu le bas prix du ebook, cela revient finalement pratiquement au même.

Conseillerais-tu cet éditeur aux jeunes auteurs ?

Si vous recherchez un conseil personnalisé et un contact rapproché, je le conseille en effet. Quand il a un coup de coeur pour un roman, il le soutient à fond. Son enthousiasme est communicatif. Il a de l’énergie à revendre !
Mais il ne peut faire de miracle pour la vente du roman, car il s’agit d’une toute jeune maison d’édition, encore peu connue. Il faut donc vous investir activement dans la promotion si vous souhaitez réellement donner toutes les chances à votre roman. S’y connaître en web, et plus généralement les technologies numériques, est un plus.

5) L’édition :
Une fois ton projet accepté. Les modifications ont-elles été importantes ? En as-tu refusé certaines ? Peux-tu nous donner le temps que dura cette phase de finalisation ?

L’éditeur m’a rapidement transmis ses propositions de corrections. Cela concernait surtout de la typographie, des emplacements de virgule ou de tirets. Peu d’orthographe ou grammaire. Et aucune demande de modification sur l’intrigue ou les personnages. J’ai accepté environ 90% de ses corrections.
En tout et pour tout, cela a duré une semaine. Je rappelle que nous n’avions que deux semaines devant nous pour le sortir avant le 21 décembre !

6) EBook.
Parle-nous de ce choix (forcé ou assumé). Quelle différence avec d’autre éditeur plus classique ? Les avantages et les inconvénients.

Personnellement, j’adhère tout à fait à la littérature numérique. Mais sur des liseuses e-ink, pas les tablettes. La lecture y est beaucoup plus confortable pour des séances de lecture prolongées.
Je ne suis pas spécialement attaché au livre « papier », même si je continue d’en lire. Pour moi, et cela n’engage que moi, un livre reste un objet. L’essentiel, c’est l’histoire que veut nous raconter l’auteur. A l’oral, sur papier, en ebook, en CD audio, en bande-dessinée, en film… « L’odyssée » et « L’Iliade » ont traversé le temps, et ce sur de multiples supports adaptés à leurs époque. L’histoire demeure l’essence même de l’œuvre. C’est d’elle dont on se souviendra. Pas de la énième édition en livre de poche de 1998.
Donc, je n’ai pas hésité à signer avec cet éditeur qui ne publie qu’en version numérique. L’éditeur a notamment fait ce choix pour permettre à de nouveaux auteurs de se faire connaître, tout en leur offrant un accompagnement et une crédibilité que ne permet pas l’auto-édition.
Comme tout se fait en numérique, et qu’il y a moins d’intermédiaires, tout se passe beaucoup plus vite. Mais je suis habitué, par mon métier de webmaster, à travailler ainsi.
Après, le combat reste le même : en numérique comme en traditionnel, il faut se battre pour se faire connaître. Les « têtes de gondole », cela existe aussi en virtuel. Et quand on n’a pas les moyens marketing pour les détrôner, il faut jouer sur la popularité. Et cela se gagne sur le temps.
Je ne vois donc pas tellement d’inconvénients à l’édition numérique, si ce n’est qu’elle ne s’adresse pour l’instant qu’à une niche. En France, nombreux sont ceux qui restent fidèles au papier. Y compris au sein de mes amis et de ma famille. N’être publié qu’en numérique, c’est se priver d’un très large lectorat.
Mais a contrario, le public « numérique » est un public de connaisseurs et de passionnés. Un bon test donc pour faire son premier pas. Les éditeurs traditionnels s’intéressent de plus en plus au numérique et j’espère que mon roman se fera remarquer pour évoluer vers l’étape supérieure : le « full package » numérique + papier.

7) Tes projets actuels.
Peux-tu nous en dire plus ?

En deux mois, j’ai consacré beaucoup de temps à la promotion de mon roman. J’ai écrit une nouvelle, une sorte de préquelle à mon roman, pour, je l’espère, la faire éditer dans un magazine spécialisé. Je finis également d’écrire une autre nouvelle pour un recueil prévu aux éditions Booxmaker prochainement, afin de promouvoir ses auteurs. Et après ça, je reprends la suite du « Cycle des centaures », avec un tome 2 à finir d’écrire, et un tome 3. Cela va m’occuper encore un bon moment !
J’ai également écrit il y a deux ans un autre roman, plus destiné aux enfants de 8 à 12 ans environ. J’y suis très attaché et espère le faire éditer.
J’ai beaucoup d’autres idées de romans à écrire, et dans des genres variés (pas que SFFF). Ce qui me manque peut-être le plus, c’est le temps. Entre la vie de famille et un travail à temps plein, c’est difficile d’écrire régulièrement. On n’a pas tous les soirs l’énergie pour le faire.
Donc, mon rêve le plus fou maintenant ? Vendre suffisamment de romans pour en vivre, même peu, pour avoir vraiment le temps de m’y consacrer pleinement.

8 ) Le forum JE
Tu t’es inscrit le 17/07/2009, peux tu nous refaire une rapide présentation (avec mise à jour depuis ton inscription).

Quoi de neuf depuis 2009 ? Que je suis devenu papa, en mars 2010, de ce qui est et sera toujours ma plus belle œuvre : un fils. Il a d’ailleurs hérité du nom d’un des personnages principaux de mon roman.
Avec les 2 premiers enfants de mon épouse, nous avons officiellement franchi le cap pour obtenir la carte « famille nombreuse ». Pour compléter le tableau de la parfaite famille de province, j’ai également adopté deux chiens. Nous habitons toujours dans le Finistère, et n’avons aucune envie d’en partir.
Je travaille toujours dans la communication, et plus spécifiquement le web. Je trouve ce domaine toujours aussi passionnant (même si mes vraies ambitions sont ailleurs…).

9) Dis nous en deux mots ce que tu penses du forum JE, ses points forts/faibles et une idée qui te tiendrais à cœur afin de l’améliorer.

C’est un forum très vivant et convivial. On peut autant y venir pour apprendre, améliorer son écriture que s’amuser. Les membres viennent tous d’horizons divers et les rencontres sont enrichissantes. Je n’ai rien à redire 🙂

10) Un petit mot pour les nouveaux membres du forum ?

Prenez des risques et n’ayez pas peur d’entendre (et je dirais même plus « écouter ») les critiques. Même si cela fait mal des fois, ce n’est qu’un avant goût de ce qui vous attend « de l’autre côté » 🙂

Un petit mot de plus ?

Merci au Conteur pour cet interview, qui me donne une nouvelle occasion de parler de mon travail. J’espère que vous aurez eu autant de plaisir à lire cet interview que j’en ai eu à y répondre. J’espère surtout que cela vous aura donné envie d’en savoir plus sur mon roman, voire même de le lire. Si tel est le cas, amie lectrice, ami lecteur, je te souhaite bon voyage vers « La Terre des centaures » !