Ce 8 mai 2020, 75e anniversaire de l’armistice de la Seconde Guerre mondiale, a cette année une consonance toute particulière. Confinement oblige, il n’y aura pas de cérémonie publique.

Cette crise sanitaire mondiale, pourtant, réveille certains réflexes qu’ont eus nos aïeux entre 1939 et 1945, pour le meilleur et pour le pire. L’Histoire, la mémoire du passé, est, comme le dit Cicéron, « l’institutrice de nos vies présentes ».

N’oublions pas cet été 1944 où Saint-Ségal fut à deux doigts d’être rasé.

En effet, la Résistance menait la vie dure dans la région aux soldats allemands. Ces derniers, aux abois après le débarquement en Normandie, refoulés de Carhaix et Pleyben, n’en étaient rendus que plus dangereux. Leur passage à Saint-Ségal, tandis qu’ils chassaient les Résistants, fit de nombreuses victimes.

À l’image de ces deux familles fusillées, alors qu’elles flânaient dans le pré. Il n’y aura qu’un seul survivant et trois morts. Ou encore ce septuagénaire, criblé de balles alors qu’il se reposait au pied d’un pommier. Sa maison familiale sera brûlée par la suite. Une autre famille fut alignée le long du mur pour être fusillée, enfants compris. Elle fut épargnée de justesse : l’officier allemand se laissa convaincre par une commerçante du village de leur bonne foi.

Une autre histoire résonne encore dans les esprits : celle de cette jeune femme de 28 ans enfermée dans une maison du centre bourg, torturée par les soldats allemands. Des jours durant, ses cris firent trembler les villageois avoisinants. Après cet interminable calvaire, elle fut enterrée en position debout, agonisante, sans honneur ni dignité. Son corps ne sera retrouvé qu’en novembre. Son crime ? Avoir été prise pour une « terroriste » alors qu’elle faisait simplement signe à ses enfants de rentrer les vaches quand les soldats arrivèrent.

Le sujet est vaste et il y aurait encore tant à dire, comme sur ces enfants qui cherchèrent leur père au retour des prisonniers. Aussi, même s’il n’y a pas de cérémonie, drapeaux et fleurs garniront sans doute quelques fenêtres pour se rappeler.

La crise du Covid19, que certains assimilent à une guerre mondiale, n’a rien en commun avec celle célébrée ce 8 mai. L’ennemi n’est pas le même, les armes non plus, ni les sacrifices. Seule la conclusion de tout ceci sera semblable. Elle rappellera la valeur de toutes ces choses essentielles et pourtant fragiles que nous considérons comme acquises : la famille, les amis, la santé, la liberté. Après cette crise, comme après la Guerre, il ne faudra rien oublier.

Maro evit ar vro, "Morts pour la patrie"

Maro evit ar vro, “Morts pour la patrie”